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12 avril 2007

La main du Chypriote

Aujourd'hui je me suis levé et c'était mon deuxième jour de repos consécutif et je me suis dit: tu as gaspillé celui d'hier à jouer à Olympic Gold sur ta mégadrive alors aujourd'hui fais quelque chose de bien. Vas chez le tif. C'est ma hantise absolue, ne me demandez pas pourquoi. Si vous ajoutez à cela le fait de devoir expliquer en anglais. "Faites-moi la même en plus court, en me laissant cette belle raie sur le côté et puis ces pattes. La nuque bien courte, sans tondeuse". Bref, je pousse la porte de ce salon que j'avais vu avant d'aller boire un coup au Dublin's Castle: notre nouveau pub coup de coeur. Siège en skaïe, bibelots phalliques, du solide, quoi. Un chauve d'une trente-huitaine d'années me reçoit avec un sourire inquiet de celui qui va chatouiller du pigeon, ces quelques minutes où il est quand même un peu dans l'incertitude. Il me demande qu'est-ce qu'il te faut mon pigeon et je lui explique sans bafouiller, ce qui m'étonne beaucoup parce que même en Français je bégaye d'habitude. Ses yeux de maquereau grillé me scrutent un instant et je me force à croire qu'il a tout compris. Son premier coup de ciseau sur ma tignasse lavée à l'instant dans son lavabo crado se révèle être une ligne droite dans ma frange, au niveau des sourcils, apparemment non. Pas compris. On discute de football, de si je veux lui passer ma copine parce qu'il aime les filles françaises. De son âge: lui aussi il fait jeune. Je lui dit qu'il a 32/33 ans et je sens qu'il se met à m'aimer. Ila 38/39. Il est Chypriote bla bla. Je dis que l'équipe de football de Chypre est pas mal, que ça prend du temps de jouer comme la France. On rigole. Dix minutes après il me montre ma nuque avec le miroir. J'ai l'air con comme jamais. Il m'a fait une coupe au bol avec une sorte de frange qui ressemble à une visière coca cola des années 80. C'est absurde. Il me passe un mouchoir en papier pour que je me débarbouille. Et je passe à la caisse. Il me fait payer le shampoing £3 mais je ne moufte pas, j'ai envie de partir en courant. Comme je suis dans Camden personne ne remarque rien, ne me regarde. Je tremblote en me voyant défiler dans les vitrines. Finalement je m'engouffre chez George: "gents hairdresser" qui écoute sur une vieille stéréo des ballades ukrainiennes. On se croirait à New York. Ca me semble mieux que Skevoulla quelques portes avant qui donne dans la coupe gothique polonaise. A la limite j'ai déjà mon compte. George me bouge la tête avec ses mains froides, comme à un gamin pas sage. Il coupe et m'asperge avec un vaporisateur. A la fin ça va, il me fait un prix. Il était Chypriote aussi, et il me questionnait sur l'autre coiffeur qui m'avait fait une coupe "pas terrible" selon lui (un fin spécialiste)... J'ai été très vague. J'avais trop peur que cela soit son fils ou son neveu. Il n'y a pas que l'équipe de foot qui doit faire des progrès. Cheap riot... I know.
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Commentaires
K
Pas de photos d'entre-les-deux-coupes!!!????<br /> Quelle amère déception...
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